Bonjour aux lecteurs de Dream It Yourself Musician. Je suis Jérémie, fondateur du blog Merseyside.fr. Ce blog parle de rock indépendant autour de chroniques d’albums, de playlists (et un peu de bière artisanale). C’est dans ce contexte que j’ai tapé une fois dans Google « avis Groover » et que j’ai eu la chance de découvrir Dream It Yourself Musician.

Non seulement je suis tombé sur un article très complet sur Groover (j’y reviens ensuite), mais aussi sur une quantité d’articles fouillés autour de services autour de la musique. Ma première visite a donc duré quelques heures (Soundgym par exemple, quelle super idée !), et je fais désormais partie des visiteurs récurrents. Et donc en lisant cet article sur la plateforme Groover pour promouvoir sa musique, je me suis dit qu’il serait intéressant de faire un article sur Groover en tant que média, étant donné que j’utilise ce service. Cela permettrait de donner deux points de vue, un côté artiste avec Dream It Yourself Musician et un côté média que vous pouvez lire ci-dessous.

Groover, plateforme de promotion pour artistes

La première fois que j’ai entendu parler de Groover, c’était par Pascal Blua de la maison de musique December Square. Lors d’une discussion sur tout le travail de promotion des artistes, il me parle de Groover qui permet aux artistes de soumettre leurs morceaux à des médias/influenceurs. Je regarde un peu le concept par curiosité, je trouve que c’est plutôt malin. J’en parle à quelques amis artistes dont les avis sont mitigés. D’un côté, la certitude d’avoir un retour est rassurante, de l’autre le principe de payer pour promouvoir sa musique désole. Je peux comprendre que cela ne convienne pas à tout le monde. Mais une chose est sûre : le travail de promotion est long, souvent difficile et peu gratifiant. Envoyer 200 mails (ce qui sous-entend de savoir à qui les envoyer !) pour avoir au mieux 2 retours laconiques peut sérieusement dégoûter quand on a passé plusieurs mois voire années à finaliser son album !
Et on ne peut pas demander à un artiste d’être aussi bon sur le plan musical que celui de la promotion. Ce sont deux métiers différents. Pour savoir comment ça marche côté artiste, l’article de Dream It Yourself Musician est très bien expliqué. Pour compléter, voilà mon point de vue en tant que média. Je précise que cet article est de ma propre liberté et aucunement sponsorisé par Groover.

Groover en tant que média, quel retour d’expérience ?

Le hasard fait que c’est Groover qui m’a contacté en octobre 2019 pour me proposer de rejoindre les rangs en tant que média. Le principe est simple : je crée mon profil, je reçois des morceaux à écouter, et je gagne 1 euro à chaque retour de plus de 15 mots. Ensuite, soit je m’engage à partager le morceau sur le ou les canaux de mon choix (réseaux sociaux, playlist, newsletter, article, interview…), soit je décline, en expliquant pourquoi. Groover me précise bien à ce moment que le but est avant tout de faire un retour à l’artiste. Avis mitigé aussi de mon côté où je n’ai jamais cherché à gagner de l’argent avec Merseyside.fr. Mais je tente le coup en me disant que je n’ai pas grand chose à perdre. Mais surtout, il ne faut pas oublier la réalité de la promo côté média.

La promotion d’artiste en tant que média

J’ai bien conscience d’être un petit blog avec environ 1200 visites par mois. Petit mais ciblé avec une ligne édito indie pop assez stricte. Et suffisamment bien référencé dans Google pour attirer des artistes qui cherchent un peu de visibilité. Pourtant, je peux dire que je suis très sollicité par les groupes et les agences promo, par mail et sur Facebook. Je reçois en moyenne autour de 150 mails par semaine. Parmi ces sollicitations, je compte les artistes ou labels qui me contactent en direct, mais également les newsletters des agences promo et attachés de presse qui elles aussi comptent sur les blogs pour relayer leurs informations. Et je tiens à souligner le super boulot de ces passionnés qui sont une aide précieuse pour les artistes.
Parmi ces 150 sollicitations, difficile de savoir combien j’ouvre de mails. Mais je sais assurément que c’est un nombre très réduit. Comment lire tout ça, a fortiori quand le blog est géré en tant que hobby entre un travail à temps plein et trois enfants en bas âge ! Je culpabilise souvent de ne pas pouvoir répondre à tout le monde, même si dans ces réponses je mets une priorité aux artistes. Mais le rythme est vraiment difficile à tenir.

Promouvoir sa musique avec groover - l'avis d'un media

Groover pour désengorger sa boite de mails promo ?

C’est donc dans ce contexte que Groover me semble adapté. Toutes les demandes sont regroupées au même endroit, et j’ai 7 jours pour y répondre, sans quoi le morceau expire (et je ne gagne pas d’argent). Aujourd’hui, si j’en suis à plus de 600 retours, c’est que – vous vous en doutez – le principe me convient. En effet, les débuts sont plutôt amusants et le simple fait d’être sollicité pour donner son avis a un côté presque gratifiant.
Bien entendu, il y a une charte à respecter outre les 15 mots minimum. Le retour doit être constructif, respectueux. Quand la sollicitation est musicalement ciblée, j’avoue vraiment bien aimer donner des détails : comment j’ai ressenti tel passage, les triolets sur la rythmique à telle seconde, le shaker discret dans l’oreille droite. J’aime autant donner mon avis sur le côté musical/structure du morceau que sur l’aspect technique. Je précise que je ne suis pas ingénieur du son, j’ai donc une légitimité toute relative. Mais que le fait d’écouter énormément d’artistes ainsi que de faire de la musique en amateur peut me donner une oreille un peu affinée. Mais bien entendu très subjective.
En tant que média, on peut cocher une case « L’artiste peut me contacter ». Ce que je fais assez régulièrement quand j’ai fait un retour assez long où je pose des questions sur tel ou tel choix. Et je dois dire que de mon côté, j’en tire une certaine reconnaissance lorsque les artistes eux-mêmes me font des retours sur mon avis. Extraits choisis :

C’est sympa quand on pointe du doigts les petites subtilités qui au final ne sont pas souvent entendues (triolet de batterie par exemple). »
« Il y a beaucoup de positif dans ce que vous décrivez et c’est une certaine forme de reconnaissance« .
« Merci pour ton commentaire. On voit que tu as de l’oreille et tu t’y connais »
« Ton retour est ultra complet, t’as sacrément l’oreille parce que plein de monde n’a pas entendu tout ce que tu as entendu, dont la guitare légèrement désaccordée sur le solo ; Franchement, merci parce que ton avis est à la fois technique, précis et très respectueux. »
 » Un immense merci à toi d’avoir pris le temps de me répondre ainsi, en sachant que le titre ne t’a pas plus accroché que ça! Merci d’autant plus d’avoir pris le temps de me répondre aussi longuement!! »
C’est là que je vois le côté vertueux de Groover où un échange s’installe. Je précise qu’il m’arrive de le faire même pour des artistes que je ne vais pas partager.

Le ciblage des artistes

Toutefois, je n’ai pas tout le temps ce niveau de détail sur les retours que je fais. Parfois pour une raison très simple : le ciblage ! J’ai reçu des dizaines de sollicitations où le style musical ne correspondait pas, voire pas du tout, à la ligne éditoriale de mon blog pourtant bien indiquée dans mon profil Groover. J’ai déjà reçu des morceaux de RnB, de dance ou techno. Pas top pour un blog orienté rock indépendant. Dans ce cas, avec politesse et de façon construite, je suis beaucoup moins prolixe dans mes retours.
J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi un artiste dépense 2€ envers un média qui ne correspond pas du tout à son style de musique. Dans ce cas, j’ai deux options : soit je laisse le morceau expirer, auquel cas l’artiste récupère son argent (et mes stats de pourcentage de retour baissent, j’y reviens plus bas), ou alors je fais un retour et je gagne donc mon petit euro. C’est variable. Toutefois, je dois dire que ces cas se sont raréfiés avec le temps et l’algorithme de Groover s’est affiné. J’ai donc globalement des demandes ciblées. Le plus difficile étant sans doute quand le morceau est bon, correspond au style de musique du blog, mais que je n’aime pas. Là c’est délicat de ne pas partager, et pourtant… La musique, c’est subjectif, il y a beaucoup de ressenti.

Groover permet-il vraiment de mettre des artistes en avant ?

Au final, ai-je vraiment eu des révélations avec Groover ? Oui ! Je pense spontanément à Strawberry Seas, à Magon ou encore à DG Solaris. À Olivier Rocabois et sa pop harmonique aussi. Pour la plupart, le premier contact s’est fait par Groover, puis sur Facebook ou par mail où nous avons encore échangé il y a peu. Ce sont clairement des coups de cœur dont je suis l’actualité et que je soutiens régulièrement. Autre point : tous les mois je fais une playlist rock indé avec un coup de projecteur sur les sorties du mois précédent. Depuis que je travaille avec Groover, il n’y a pas un mois sans un artiste Groover dans la playlist. Il est évident que ce ne serait pas arrivé sans Groover.

 

Le temps et l’argent, la clé du succès de Groover ?

Aujourd’hui, Groover me prend pas mal de temps dans le temps que j’alloue au blog. Car un retour me prend au minimum 3 minutes après l’écoute, mais parfois 45 minutes. Donc en effet, sur une moyenne de 20 minutes par retour (hors écoute) sur plus de 630 retours, ça fait 210 heures. Sur 17 mois depuis que j’ai commencé, cela représente 12 heures par mois dédiées à Groover. Pour boucler la boucle des statistiques, Groover représente 20% des 60h que je passe par mois sur le blog. Sans compter les ajouts en playlist, les articles dédiés, les relais en newsletter et tout le travail inhérent au blog autour de cet artiste (qui est du coup comptabilisé dans les 80% du temps restant). Vous suivez toujours ?
Et concrètement, oui chaque retour me rapporte 1 euro. Je ne m’en cache pas. Toutefois, je n’ai jamais monétisé le blog, c’est donc la première fois que je gagne de l’argent avec le blog et j’avoue que la limite de 7 jours et l’attrait de la petite rémunération incitent plus à répondre qu’un mail perdu dans ma boîte mail. Attention, on parle de l’équivalent de 35€/mois. On est loin de ce que peuvent gagner des influenceurs populaires ! Et je réinvestis cet argent dans du matériel de musique pour moi, en tant que musicien amateur.

Le temps et l'argent, la clé du succès de Groover ?

Tenir le rythme

Le plus dur finalement est peut-être de tenir le rythme, car les demandes dans Groover ne cessent d’affluer. Et j’essaie de m’astreindre à y répondre. C’est d’ailleurs pour rebondir sur le contexte évoqué plus haut avec les sollicitations par mail non répondues. J’ai donc un taux de réponse Groover qui varie de 98 à 100% selon les mois, là où il doit être de… 3% par mail. C’est en ça que Groover tient sa promesse auprès des artistes et que le concept est bien trouvé.

Bilan très convaincant de Groover en tant que média

Je suis très content de cette plateforme car je trouve le principe vraiment canon. En tant que média, ça me convient bien, et j’essaie de l’honorer au mieux, par respect pour les artistes qui me contactent et attendent un retour. Les relations avec l’équipe de Groover sont très bonnes, ils sont très réactifs et ont un suivi vraiment proche et personnalisé avec les médias (en tous cas avec moi !). Le service se développe, car certains artistes font l’objet d’un soutien spécifique via les Groover Obsessions , lancé après la Groover Radio ou encore les Groover Showcase.

En avril 2021, ils viennent de racheter Soonvibes pour les musiques électro afin d’y intégrer le catalogue des médias Groover et ainsi permettre plus de visibilité pour les artistes. J’attends toutefois une idée que je leur ai soumise : pouvoir transférer des crédits Groover (donc des euros) sur des plateformes de financement participatif comme Ulule pour soutenir des projets artistiques. Le cercle serait alors encore plus vertueux. Avis aux amateurs…