Il y a quelques années, j’ai été approchée par un éditeur de musique. Et je vous avoue que comme de nombreux jeunes artistes je n’avais aucune idée de ce à quoi ce métier pouvait correspondre ! Dans cet article je vais vous expliquer à quoi correspond l’édition musicale pour que vous ne soyez pas perdus si un éditeur vous contacte.

Origine de l’édition musicale

Au XVIe siècle, les compositeurs devaient écrire à la main plusieurs exemplaires de partitions de leurs œuvres pour tous les musiciens jouant leur musique. Ils se sont tout naturellement tournés vers l’imprimeur pour dupliquer plusieurs exemplaires. Mais comme aujourd’hui, beaucoup de compositeurs étaient loin d’être riches. En échange du travail d’impression, ils ont proposé aux imprimeurs le droit de les exploiter. Ces derniers étaient par conséquent les tout premiers éditeurs. Au fil du temps, le rôle de l’éditeur a évolué et s’est diversifié.

La vente de partitions ne représente aujourd’hui qu’une part très marginale des revenus et du rôle de l’éditeur.

Attention à ne pas confondre l’éditeur de musique avec l’éditeur «phonographique» qui est un métier complètement différent : c’est celui qui commercialise les enregistrements (d’où l’adjectif « phonographique »).

Droit d’auteur

Avant de vous plonger dans les détails, vous devez d’abord comprendre ce qu’est le droit d’auteur et comment le droit d’auteur affecte la propriété de l’art. Lorsque vous créez un morceau de musique, vous le possédez déjà techniquement et êtes considéré comme le détenteur des droits d’auteur. Que vous choisissiez de faire en sorte que ce morceau de musique soit légalement protégé ou non, le fait reste que vous, le créateur, êtes propriétaire de l’œuvre que vous avez créée.

Là où les choses se compliquent un peu, c’est lors de l’attribution des droits de publication. Vous pouvez considérer un éditeur comme la personne ou l’entreprise qui a le droit de vendre votre musique pour vous. Dans la plupart des cas, vous signerez un accord juridique avec un éditeur qui utilisera ensuite ses ressources pour distribuer votre musique de manière unique, comme des publicités, des films, la radio, etc.

Rôle d’un éditeur de musique

Le travail d’un éditeur musical consiste en la recherche, la découverte et la signature d’auteurs et de compositeurs. L’éditeur joue alors l’entremetteur entre le compositeur et l’auteur pour obtenir de bonnes chansons.

L’éditeur peut également signer un auteur-compositeur qui signe donc lui-même les textes et la musique de la même œuvre.

Une fois la chanson créée, le rôle de l’éditeur est alors de placer les œuvres qu’il possède en édition auprès des interprètes (si l’auteur-compositeur-interprète n’interprète pas ses propres chansons).

Lorsqu’un artiste est uniquement interprète, son manager ou son label doit chercher des chansons qui lui conviennent. C’est le cas la plupart du temps pour les artistes sortant de concours musicaux télévisuels d’ailleurs.  Les éditeurs sollicités peuvent tout simplement proposer des chansons déjà créées, mais pas encore interprétées. Ils peuvent également faire collaborer leurs auteurs et compositeurs pour créer des chansons sur mesure pour l’artiste en fonction de sa personnalité vocale, son registre musical et son univers.

Une fois l’œuvre interprétée, l’éditeur est responsable d’en assurer l’exploitation. Cela peut se faire de toutes les manières possibles: enregistrement, diffusion (radio, TV, etc.), concerts et enfin la synchronisation de la musique dans un film, une série télévisée, un documentaire, une publicité, une vidéo jeu, etc.

De plus, l’éditeur est en quelque sorte le « gestionnaire » de l’œuvre. Il s’engage à assurer l’exploitation permanente et continue des œuvres et devient également responsable de leur protection, ainsi que du contrôle et de l’administration des droits.

Rémunération de l’éditeur

Pour son travail, l’éditeur de musique reçoit une part des droits d’auteur générés par l’exploitation de l’œuvre pour laquelle il a signé un contrat dit de « cession éditoriale » avec les créateurs. Et ceci pour toute la période de protection des œuvres, qui est de 70 ans en Europe.

La SACEM rémunérera les ayants droits sur les bases suivantes :

  • pour les droits de reproduction mécanique : auteur 25 %, compositeur 25 %, éditeur 50 % ;
  • pour les droits d’exécution publique : auteur 1/3, compositeur 1/3, éditeur 1/3.

Il faut noter que l’éditeur investit dans la création sous plusieurs formes (avances, primes de commande, contribution au budget d’un clip, aide à la tournée, etc.) et est souvent le premier partenaire économique de l’artiste débutant. Il paraît donc logique qu’il bénéficie d’une part des droits qu’elle a contribué à générer en gérant et en optimisant l’exploitation des œuvres.

Certains artistes choisissent aujourd’hui de créer leurs propres sociétés d’édition musicale pour garder tous leurs droits sur leur travail et donc tout l’argent récolté par ce biais.

Sachez qu’éditeur avec des droits exclusifs peut continuer à gagner de l’argent avec votre musique même si vous ne voulez pas qu’elle soit vendue pour une raison quelconque. Un éditeur peut même être en mesure de gagner de l’argent avec votre musique longtemps après votre mort. 

Exemple d’Adèle

L’édition de musique concerne vos chansons, pas vos enregistrements, mais il est essentiel que les personnes qui s’occupent de ces deux droits d’auteur aient une relation solide et communiquent régulièrement entre elles.

Prenez le single Someone Like You d’Adèle qu’elle a co-écrite avec Dan Wilson. L’éditeur de ce titre est une société appelée Chrysalis. Chaque fois que vous entendez cet enregistrement à la radio, XL, le label d’Adèle pour cette chanson, gagne de l’argent ainsi que les éditeurs et auteurs-compositeurs. Par contre, si vous entendez une reprise de cette chanson, XL Recordings ne touchera pas un centime. Ce seront uniquement et les auteurs-compositeurs et les éditeurs qui gagneront de l’argent, car il s’agit là de la chanson et non de l’enregistrement.

Pour en savoir plus lsur les contrats d’éditin musical, je vous propose de consulter cet article du blog Groover.

Maintenant que vous en savez plus, veillez à protéger vos droits et à vous assurer que vous êtes rémunérés équitablement pour votre dur labeur.

D’ailleurs, il existe des cours en ligne sur les droits de la musique créés par une juriste pour être sûr de ne pas vous faire arnaquer.

Sources

Sacem